Farka
« Il a quoi ? »
Farka El-Fur, l’homme aux milles et un espions, venait de perdre son calme. Devant l’un de ses espions justement. Il faudrait l’éliminer avant qu’il ne raconte la scène à quelqu’un d’autre. Si il y a une chose qu’on apprends en utilisant les espions, c’est bien qu’il ne faut jamais faire confiance à un espion. Surtout quand il se passe des choses aussi importantes qu’en ce moment et qu’il ne voulait surtout pas qu’on sache qu’elles étaient importantes.
« Il a gagné la match de shah qui l’opposait à votre fils monseigneur, puis il est reparti vers ses appartements », répéta le serviteur qui ne comprenait pas en quoi Genis s’était rendu coupable d’un crime si colossal qu’il faisait perdre son calme à son seigneur.
« Bien. Très bien. Merci. Va porter ce message au forgeron sans traîner. »
Le message n’était en fait qu’un texte absurde frappé du sceau de la famille El-Fur, le forgeron ayant l’ordre de s’occuper immédiatement de toute personne lui remettant un message de ce type. Farka désapprouvait l’entretien d’un bourreau par un dirigeant et s’était construit une réputation de magnanimité en renvoyant le précédent pour utiliser les services du forgeron, que personne n’avait jamais soupçonné. Enfin jamais plus d’une fois.
Il s’était visiblement fait doubler. Le bateau était parti donc le capitaine avait eu son message, mais Genis était encore là. Quelqu’un avait pris sa place. Il avait lui-même vu de sa fenêtre un homme en vert et ocre se diriger vers les quais, il ne s’agissait donc pas d’un accident dans la transmission du message car quelqu’un qui se déguise ne peut pas avoir de pensées réellement honnêtes. Il se rendit dans son bureau, en verrouilla la porte, et quitta ses vêtements élégants pour enfiler un costume de garde du palais et une barbe pastiche brune. Il se dirigea ensuite vers une portion de mur un peu trop semblable aux autres pour ne pas dissimuler un passage secret.
Genis leva les yeux sur le garde qui était entré dans sa chambre avec un froncement de sourcil interrogateur. En réponse, le garde lui présenta un message en lui faisant un clin d’œil. Genis le reconnut et lui fit signe de s’approcher pour voir le message, un laisser-passer de priorité un. Farka pris la parole :
« - Les
nains. »
- Bon
Dieu. Je pars quand ?
- C’est
ça l’ennui, tu es déjà parti en bateau ce
midi.
- ! ?
- Quelqu’un
a du intercepter mon message. J’aurais du te prévenir de
vive voix mais je n’aime pas les déguisements.
- Et
évidemment aucun autre bateau n’est assez rapide pour le
rattraper j’imagine, compléta Genis avec un regard
pour le laisser-passer.
- Ton
imagination est remarquable. Tu pars immédiatement. Crève
tout les chevaux que tu veux mais qui que soit l’imposteur, arrive
avant lui à Carthago. Alors, qui qu’il soit, élimine-le
et envoie moi sa tête dans un bocal d’alcool. Je ne suis pas
cruel, mais j’aime savoir qui je tue.
- Je pars
m’équiper. Si je ne peux obtenir l’animal, personne ne
l’aura.